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LE VAGABOND CELESTE

LE VAGABOND CELESTE

Conté par Waï-Da Witty

Merveille…

Ciel et terre ne sont pas séparés

Et je l’ignorais !

Le ciel est par-dessus les cimes enneigées

Mais il est aussi sous mes pieds

Cet espace que je foule

Lorsque je marche sur terre !

         Dans un monde parallèle miroir de notre monde…

à moins que ce ne soit notre monde qui en soit le reflet, s’étend sous un ciel indigo un espace où la blancheur aveuglante d’un reliquaire de pierres se dresse contre le pourpre de la montagne. Un peu plus bas se dessine un village. Haut dans le ciel plane un aigle des neiges.

            Ce jour-là un « vagabond céleste » aux cheveux sombres divisés en multiples tresses, une turquoise à l’oreille, la cape fauve et le baluchon constellés de la poussière du voyage, passe sous le porche d’entrée rutilant du village, et s’engage de sa démarche légère dans l’unique rue bordée de boutiques aux boiseries peintes de couleurs vives.

            Le voici bientôt assis sur le sol, entouré d’enfants qui se bousculent afin d’être plus près de lui pour l’attrait d’on ne sait quoi, et il leur chante l’une de ses dernières découvertes :

Merveille…

Ciel et terre ne sont pas séparés

Et je l’ignorais !

Le ciel est par-dessus les ci mes enneigées

Mais il est aussi sous mes pieds

Cet espace que je foule

Lorsque je marche sur terre !

 

             Les enfants rient, un peu moqueurs. Ils ont l’impression d’avoir la tête à l’envers.

            « Et pourtant l’espace est partout, le ciel est partout », s’esclaffe Shérab en chatouillant une petite fille toute ronde qui se trémousse. « Sinon, comment pourrais-tu bouger ?! Sans l’espace dans ton corps, ton cœur ne pourrait pas battre ni la vie y circuler. Le ciel n’est pas un bonnet posé sur la terre. Il est l’espace et l’air indissociables et qui pénètrent tout. Tu respires le ciel et prête ta forme à l’espace. »

            Les petits ont fermé les yeux et sourient, ravis. « Je respire le ciel et prête ma forme à l’espace. » Ils se sentent transparents.

            « Je respire la lumière. Je respire le soleil», murmure soudain un garçonnet. Shérab bondit sur ses pieds.

            « Tu es le soleil ! L’espace en toi et hors de toi t’unit au soleil, à la lune et aux étoiles. Il te rend un avec tout, êtres et choses. Par l’espace tu es inséparable de la danse de chaque particule de l’univers. Inséparable de l’infini tu es en même temps toi, n’est-ce pas inouï », chante-t-il ?! Et il danse, ivre de joie.

            Une femme à la robe multicolore, à l’épaisse chevelure bleue nuit sertie de cristaux et de fleurs s’approche avec un brouet épicé accompagné d’une carafe fumante remplie d’une décoction de feuilles. Elle sourit, heureuse de la félicité qui rayonne de ce jeune vagabond un peu fou.

            Haut dans le ciel, le cri soudain d’un aigle des neiges lui fait lever les yeux.

         Quand elle les rabaisse, un peu éblouie, le vagabond céleste a déjà disparu. Paisibles, les enfants se chuchotent un secret. Sur la terre rouge frémit une plume d’un blanc neigeux.

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